Madame Yeba Ballo, car c’est elle dont il s’agit, était une exciseuse dans le village de Kossaba, situé à une trentaine de Km de la ville de Koulikoro. Avec une dizaine d’années d’expériences, cette mère d’une cinquantaine d’années, a décidé d’abandonner son couteau (lame) pour être désormais à l’avant-garde du combat contre la pratique de l’excision dans sa communauté.
« Après avoir assisté à plusieurs séances de sensibilisation sur les méfaits des MGFs, je réitère aujourd’hui mon engagement à abandonner ce fléau qui a gangréné notre société », a-t-elle confié, lors du dialogue intergénérationnel organisé par l’Unicef, le mercredi 8 septembre 2021 à Kossaba, dans le cadre de la 15ème édition d’Oxyjeunes.
Considérée comme un tabou, car ancrée depuis des lustres dans leurs traditions, l’excision était devenue un métier pour la famille de Yeba Ballo. Selon elle, c’est plutôt l’ignorance qui les a mis dans tout cela. « Mais à partir de maintenant, nous nous engageons à éradiquer ce fléau dans notre communauté. Ma famille et moi ne la pratiquerons désormais », rassure-t-elle.
Le village de Kossaba, dans la commune rurale de Doumba, fait partie des 38 villages qui ont signé en 2014 dans la région de Koulikoro, l’abandon des pratiques des MGF/E (Mutilations Génitales Féminines/Excision) et de mariages d’enfants.
Aux dires de l’animatrice de l’ONG TAGNÈ, Fatoumata Diabaté, de 2011 à 2014, des nombreuses actions ont été menées en faveur de l’abandon de cette pratique ancestrale dans cette zone, notamment des séances de formation et de sensibilisation. Témoignant ces faits, la directrice régionale de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille de Koulikoro, Madame Bocoum Awa Guindo a affirmé que, lors d’une séance de sensibilisation, des imams leur avaient indiqué que « les mutilations génitales féminines ne sont pas prescrites par la religion ».
Atteinte grave aux droits fondamentaux
La violence à l’égard des femmes et des filles constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux. Ses conséquences sur la santé physique, sexuelle et mentale des femmes et des filles sont multiples ; elles peuvent être immédiates ou de long terme. Toutes les formes de mutilations sexuelles féminines sont associées à un risque accru pour la santé. Les complications immédiates peuvent être douleur violente, choc, hémorragie, tétanos ou septicémie (infection bactérienne), rétention d’urine, ulcération génitale et lésion des tissus génitaux adjacents, a-t-on appris auprès des spécialistes.
N’ayant visiblement aucun regret d’avoir contribué à mettre un terme définitif à la pratique de toutes formes de violences basées sur le genre, le conseiller du chef du village de Kossaba, M. Niaman Diarra précisa : « Nous avons déclaré solennellement en 2014, et ce, sur la base d’un consensus communautaire, l’abandon définitif de la pratique de l’excision et du mariage d’enfants ».
Ils se sont également engagés d’une part à appuyer toute synergie de protection en faveur des enfants, à protéger les filles non excisées et non mariées. Et d’autre part, à dénoncer toute tentative d’excision ou de mariage des filles avant ses 18 ans requis, à travers un mécanisme de surveillance communautaire et à veiller à la prise en compte de la protection dans le plan de développement local de leurs collectivités, nous dit-il. Ces efforts montrent clairement que pour eux, chaque enfant est une priorité majeure.
Ibrahima DIA, lemali.net